L’histoire de Madiran remonte très certainement à l’époque celte. Puis vinrent les romains qui relièrent les bourgs fortifiés de leurs voies pavées, comme la route des Capets.
Au Moyen-Age, Madiran dépend du comté de Bigorre, puis de celui d’Armagnac à partir de 1231. Son destin est ensuite lié au Béarn et à l’Angleterre lorsque le pays de Rivière-Basse devient l’apanage de Jeanne d’Albret, la reine protestante. C’est son fils, le bon roi Henri IV, qui réunit en 1589 le comté de Foix et la Navarre au royaume de France.
Madiran et les Mouras
L’invasion Maure de 732 laisse des traces encore tangibles dans le village de Madiran. Les têtes maures du blason de la commune en est un exemple notoire, ainsi que la fontaine des mouras, qui tient son nom d’une certaine légende…
Après la défaite des maures à Poitiers face à Charles Martel, certains en repartant vers l’Espagne font haltes durant plusieurs mois avec femmes et enfants dans des villages du sud-ouest, dont Madiran. En témoigne les quartiers de Mouras et Mouret, ainsi désignés dans le livre terrier de 1656. Si certaines familles s’installent pour vivre aussi paisiblement que possible, d’autres guerriers laissent dans les mémoires des souvenirs de pillages et de massacres.
Madiran à l’époque féodale
Le XIe siècle voit l’essor de Madiran avec l’installation des moines bénédictins. Sancius restaure le monastère, reconstruit l’église Sainte-Marie et son prieuré. En amenant l’éducation, des compétences médicales et un savoir-faire dans la culture de la vigne, le prieur et seigneur de Madiran écrit les lettres de noblesse du village.
Madiran et les anglais
1337, c’est le début de la guerre de cent ans entre la France et l’Angleterre. Le roi de France, Jean II est fait prisonnier lors d’une bataille. L’ayant enfermé dans la tour de Londres, le roi d’Angleterre demande une rançon de 3 millions d’écu d’or, ainsi que les provinces du Poitou, de la Saintonge, de l’Agenais, du Guercy, de la Bigorre et de l’Angoumois. La somme est faramineuse et la noblesse refuse de payer et reprend les armes, sans succès. En 1360, le régent est forcé de signer la paix de Brétigny qui donne la Bigorre au Prince Edouard d’Angleterre, surnommé Prince noir à cause de la couleur de son armure. L’Angleterre, déjà maitresse de l’Aquitaine, possède désormais tout le sud-ouest de ce que l’on nomme aujourd’hui la France.
Madiran et les huguenots de Jeanne d’Albret
Jeanne d’Albret, héritière du trône de Navarre, est élevée dans la religion protestante. Toute sa vie elle va œuvrer à développer ce culte de gré ou de force, par la construction d’universités et par le saccage des biens de l’Eglise catholique.
Le bras armé de Jeanne d’Albret, le comte de Montgomery, arrive à Madiran le 29 août 1569 avec ses soldats protestants, nommés huguenots. Il entre dans le village malgré les murailles et fossés, vole la dîme et brule le prieuré, comme le prouveraient les traces rouges visibles sur le mur de l’église.
Par une ordonnance du 28 janvier 1570, Jeanne d’Albret va jusqu’à condamner les religieux catholiques à l’exil ou la peine de mort.
Les textes écrits a posteriori par des historiens catholiques évoquent les nombreux pillages et la cruauté des huguenots. Dans l’Enquête sur les ravages faits par les Huguenots dans le comté de Bigorre les 5, 6, 9 et 10 septembre 1575, le comte de Montgomery aurait pris la maison du prieur de Madiran, saccageant et pillant l’église et les biens des religieux. (Durier et Carsalade, Les Huguenots en Bigorre, p. 163).
Les massacres prennent fin en 1609, lorsqu’Henri IV accorde sa protection et rend les biens aux ecclésiastiques. Ce roi élevé dans la religion protestante par sa mère Jeanne d’Albret, devient en effet catholique pour accéder à la couronne de France “Paris vaut bien une messe”.
Madiran et les cagots
Les cagots ou cahots, « chiens de goths »,
Ils sont nombreux à Madiran. Plusieurs familles vivent dans le quartier les Capots selon le livre Terrier de 1656 « la coste deus cagots ». Une chapelle et un cimetière adjacent auraient même été construits à leur usage exclusif.
Madiran pendant la Révolution
À partir de 1614, la monarchie devenue absolue impose lourdement les paysans et des mécontentements apparaissent. Ils ont pour cause des exonérations accordées à certaines familles dont la noblesse est mise en doute, à tort selon les tribunaux consultés.
Dans ce contexte, les idées révolutionnaires ont eu bon accueil à Madiran.
En 1789, une garde nationale est créée, comprenant tous les hommes valides, distingués par une cocarde tricolore sur les chapeaux.
En 1790, il est demandé au clergé de prêter serment à la Constitution civile du clergé à la fin de la messe et devant toute la paroisse. Le prêtre et le chapelain de Madiran choisissent de jurer fidélité à la Nation, « et de maintenir de tout notre pouvoir la liberté et l’égalité ou de mourir en notre poste ». Le curé, Bernard Vergez, va jusqu’à renoncer à sa cure et à donner ses titres au maire, son frère. L’église sert dès lors aux réunions publiques et à la réorganisation de la garde. Le mobilier de culte est retiré de la sacristie, en accord avec la loi.
En 1793, 10 jeunes hommes de la commune, cadets de leur famille, sont désignés en l’absence de volontaires pour rejoindre les 300 000 hommes réclamés par la République pour défendre les frontières du département. Les chevaux et équipements sont également demandés, ainsi que du grain, des couvertures et matelas.
Les familles nobles, Priellé et Perron, ainsi que certains de leurs domestiques sont assignés à résidence pour motif qu’ils sont « fanatisés ». Comme « La nommée Crotte Perron, […], cy devant religieuse au couvent des Ursulines de Tarbes, attendu qu’elle est du cy devant ordre de noblesse, qu’elle est fanatique, qui témoigne du regret sur l’abolition de la noblesse et des corps religieux, et dit que la Révolution est une subversion de l’ordre public ». Certains sont exilés en Prusse avec les armées royales.