De la vigne au verre, le vigneron de Madiran est à la fois agriculteur, artisan et commerçant.
Des moines bourguignons du XIe siècle aux viticulteurs d’aujourd’hui, le patrimoine immatériel viticole madiranais est vieux de plusieurs siècles. A Madiran les vignerons, travailleurs de la terre, se transforment en viticulteurs qui assurent toutes les étapes du cep à la bouteille.
Le vigneron de Madiran est un agriculteur passionné, il installe et entretient le vignoble. Son travail débute par le choix des cépages caractéristiques des vins du sud-ouest, en conformité avec les normes imposées par l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC). A Madiran la variété de vigne cultivée pour le vin rouge est endémique du sud de la France, il s’agit du tannat. Elle est associée au cabernet sauvignon, au sauvignon franc et parfois au fer servadou. Contrairement aux sauvignons, le tannat est un cépage exigeant et les vignerons de Madiran ont dû développer leur expertise dans la culture de la vigne pour l’apprivoiser.
Une fois les ceps de vigne plantés, le travail du vigneron de Madiran se décline au fils des saisons. L’hiver, il taille la vigne afin d’enlever les sarments de l’année, laissant ainsi la place aux nouveaux rameaux. Au printemps, il ébourgeonne pour favoriser la bonne maturation du raisin. L’ébourgeonnage consiste à enlever une partie des bourgeons pour réduire la quantité de fruits. Mais le tannat est un cépage particulièrement généreux et cette technique ne suffit pas. Les vignerons de Madiran décident en 1980 de réaliser une vendange en vert. Ils éliminent ainsi des grappes de raisins et permettent aux restantes de développer pleinement leurs arômes et leurs tannins. Précurseurs dans ce mode de culture de la vigne, d’autres régions viticoles ne tardent pas à suivre leur exemple. En été, le vigneron palisse et effeuille afin d’améliorer l’exposition des grappes au soleil. Ce travail limite aussi l’apparition de maladies et de ravageurs comme le mildiou ou l’oïdium. L’automne, c’est le temps des vendanges. Dans le madiranais, la récolte du raisin se fait traditionnellement à la main, notamment pour le tannat. Ce choix des vignerons de Madiran est motivé à la fois par l’exigence de la qualité et par la volonté de préserver des traditions, des savoir-faire ancestraux.
Certains vignerons indépendants de Madiran et membres de la coopérative se sont tournés vers l’agriculture biologique et la biodynamie. Ils choisissent les coteaux les plus propices et cultivent leurs terroirs, se préoccupant d’abord de la qualité du sol. Pour cela ils limitent la mécanisation et vendangent à la main. Les traitements chimiques sont exclus et remplacés par des produits naturels dont la quantité reste limitée.
Les propriétaires de vignes du madiranais sont généralement à la tête de domaines de tailles modestes. De ce fait ils ne sont pas seulement agriculteurs, vignerons, mais chefs d’exploitation, viticulteurs. A ce titre ils s’occupent de l’ensemble des activités liées à la production du vin : le travail de la terre, la transformation et la commercialisation. Le vigneron de Madiran a des compétences à la fois techniques (viticulture, vinification et élevage du vin) et économiques (gestion, commercialisation).
Ainsi les propriétaires des domaines viticoles et châteaux de Madiran sont les héritiers de savoir-faire historiques, un patrimoine immatériel qu’ils perpétuent avec modernité.